En quoi consiste la kinésiologie, cette pratique qui suscite le débat ?
- nathalie.romiguiere
- 29 oct. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 déc. 2024
La kinésiologie est une activité accessible à tout le monde, y compris aux enfants, et quelle que soit la condition physique.
Cette discipline holistique utilise une approche globale pour soigner aussi bien le physique que le mental et l’émotionnel.
Choisie par l’ancienne championne olympique Laure Manaudou comme voie de reconversion, la kinésiologie reste une pratique non consensuelle qui suscite quelques interrogations.
Vous avez peut-être déjà consulté un praticien en thérapie alternative pour résoudre un problème physique ou un blocage émotionnel. Un sondage Odoxa réalisé en 2023 révèle que 70 % des Français ont une bonne image de ces pratiques. 57 % considèrent qu’elles sont aussi efficaces que la médecine traditionnelle. 40 % des interrogés les ont d’ailleurs utilisées pour soulager une douleur chronique. Parmi les différentes disciplines, la kinésiologie apparaît comme une pratique montante : 58 % des Français l’ont testée au cours des cinq dernières années. Mais en quoi consiste-t-elle réellement et pour quelles raisons la communauté scientifique ainsi que l’État s’en méfient ?
À quoi sert la kinésiologie ?
Inventée dans les années 1960 par le docteur Goodheart, cette discipline est définie par la Fédération française de kinésiologie comme "une pratique professionnelle destinée à favoriser un état d’équilibre et de bien-être physique, mental et social". Elle s’appuie sur des connaissances approfondies en physiologie, neurologie et psychologie, ainsi que sur le potentiel de l’auto-guérison du corps. Elle regroupe un ensemble de techniques de gestion du stress et des émotions.
Au total, il existe 80 pratiques différentes de la kinésiologie en France et dans le monde, afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque personne. La kinésiologie offre une réponse à une grande diversité de problématiques (mauvaise qualité de sommeil, anxiété, problème digestif, douleur dorsale, fatigue, allergie…). On identifie d’ailleurs plusieurs branches spécialisées comme la kinésiologie émotionnelle, la kinésiologie éducative ou encore la morpho-kinésiologie.
Quelle que soit la pratique utilisée, la kinésiologie agit sur la tonicité musculaire pour dénouer les blocages. Partant du postulat que nos muscles reflètent notre état de santé global, le kinésiologue identifie les déséquilibres grâce à des tests musculaires spécifiques pour proposer des corrections adaptées.
Concrètement, en quoi consiste une séance de kinésiologie ?
Parmi les méthodes les plus connues, le Touch for Health (toucher pour la santé) allie des tests musculaires et la recherche de points d’acupressure empruntés à la médecine chinoise. De son côté, la kinésiologie relationnelle permet de mieux comprendre les interactions avec autrui, favorisant l’épanouissement personnel et professionnel. Quant à la kinésiologie structurelle, elle contribue au soulagement des douleurs musculo-squelettiques grâce à une série d’ajustements corporels.
Bien que chaque séance soit unique, le déroulement reste le même. Après un entretien pour comprendre les préoccupations et les objectifs de la personne, le kinésiologue effectue un test musculaire pour évaluer les réponses du corps aux stimuli. Par exemple, le praticien peut tester la force de certains muscles pendant qu’il pose des questions ou effectue des gestes spécifiques.
Grâce à ces tests, le kinésiologue détecte les zones de tension physiques, émotionnelles ou énergétiques. Il utilise différentes techniques (étirements, mouvements, techniques de respiration, points de pression…) pour rétablir l’harmonie.
La méfiance des scientifiques et du gouvernement
En tant qu’approche du bien-être qui relie le corps et l’esprit, la kinésiologie souffre d’un discrédit auprès des professionnels de la médecine classique. Non validée scientifiquement, la discipline n’est pas reconnue par l’État français ni par l’Organisation mondiale de la Santé. Pour l’Ordre des médecins, la pratique de la kinésiologie n’est pas sans risque dans la mesure où certains patients s’écartent de leurs traitements au profit de cette pratique.
Selon le sondage Odoxa, 16 % des Français ont déjà renoncé à un traitement médical pour suivre une thérapie alternative.
L’Ordre des médecins alerte également sur la "pratique du charlatanisme" et l’exercice illégal de la médecine. La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) partage les mêmes inquiétudes et surveille de près la kinésiologie, en expliquant que "la radicalisation de certains adeptes de cette mouvance a conduit à des dérives à caractère sectaire". Selon le sondage Odoxa, 71 % des Français conviennent qu’il existe des risques de dérives et 81 % considèrent que l’État doit mieux réglementer et encadrer l’activité des praticiens en thérapies alternatives.
Par Emilie CARTIER pour TF1 Info
Publié le 29 Octobre 2024 à 19h00